Ces diapasons sont associés à des fréquences d’un soi-disant solfège ancien, qui n’existe que dans l’imaginaire des personnes colportant de tels concepts.

Le mythe du diapason 528 Hz et la cacophonie du Solfeggio

Par Emmanuel Comte

Emmanuel Comte est l’auteur de
Le Son d’Harmonie, MedSon 2011
Le Son de Vie,  Québécor 2013
Le Son des Vibrations, Québec Livres 2015, Dangles 2015.

Note au lecteur : autres articles de démystification :

Le mythe du diapason 528 Hz et la fausse science

Le « La 432 Hz » est-il un mythe ? 
Le Diapason 432 Hz, mythe vérifié – Partie 1
Le Diapason 432 Hz, mythe vérifié – Partie 2

Le Diapason 432 Hz, mythe vérifié – Partie  3
Le Diapason 432 Hz, mythe vérifié – Partie  4 (à paraître)

Suite aux articles consacrés au diapason 432 Hz, évoquons en complément le sujet de la fréquence 528 Hz et des diapasons appelés Solfeggio. Voici quelques éclaircissements par rapport à un autre diapason à la mode et à un ensemble de fréquences qui lui sont le plus souvent associées.

Dans le domaine des sons et des vibrations thérapeutiques, le cas du diapason 528 Hz est un autre dossier qui mérite quelques éclairages rafraîchissants. Il en existe d’autres. Je laisse au lecteur le soin d’appliquer la même médecine que j’emploie ici à d’autres mythes ou fantaisies fréquentielles.

Il est bien clair encore une fois que les diapasons ou fréquences citées dans ces lignes pourraient avoir un intérêt sur le plan thérapeutique. Cela n’est pas discutable car toute fréquence peut être utilisée arbitrairement et peut être transformée par l’intention qu’on lui fait alors porter.

J’ai appris l’existence des diapasons Solfeggio il y a quelques années par mes stagiaires que je remercie au passage et j’ai dû m’y intéresser car ces diapasons m’ont interpellé.

Ce que j’ai découvert après quelques recherches, est un discours philosophique mystico-numérique qui m’a semblé farfelu, sans aucun fondement historique ou scientifique, à un point tel que j’ai entrepris de clarifier la question.

Le résultat de cette enquête est concrétisé par les présentes lignes qu’elle a inspirées.

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Ces diapasons sont associés à des fréquences d’un soi-disant  « solfège ancien », qui n’existe que dans l’imaginaire des personnes qui colportent les concepts et théories que nous allons brièvement exposer, dont aucune étude musicologique sérieuse ne peut étayer la véracité.
Vous dites Solfeggio?
Il est facile d’entreprendre une courte recherche sur les diapasons dits « Solfeggio » et de découvrir des kilomètres de dithyrambes à leur sujet accompagnées de protocoles thérapeutiques vantant leurs qualités. Le premier élément qui m’a interpelé dans cette affaire est l’utilisation du mot solfège.
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Voici la première partition musicale connue, datant de l’époque sumérienne.

Il s’agit d’un hymne accompagné par une lyre à 9 cordes dédié à Nikkal déesse sumérienne. 

Cette partition musicale est une tablette d’argile conservée au Musée du Louvre (Paris, France), découverte à Ougarit en Syrie et datant de 3500 ans.

Il s’agit de la plus ancienne trace connue de « solfège » au sens de notation musicale. 

Dans le sens moderne, ce mot fait appel à une pédagogie développée dans les conservatoires musicaux, qui a éloigné de nombreuses personnes du sens originel de la musique, tel que je l’explique dans Le Son des Vibrations. L’expression « cours de solfège » est synonyme de cours rébarbatifs ayant dégoûté pour la vie de nombreux enfants qui auraient pu au demeurant être de grands musiciens. Donc pour moi, le nom Solfeggio donné à des diapasons soi-disant thérapeutiques est d’ores et déjà légèrement déplacé. Heureusement, ma réflexion ne s’arrête pas là.

Si l’on s’intéresse à la signification étymologique du mot solfège, on retrouve le nom des notes Sol et Fa, d’où a été tiré le verbe solfier, désignant une manière ancienne de chanter. Les interprètes qui l’employaient, entonnaient les sons de leurs hymnes en chantant le nom des notes qui les composaient : A, B, C, D, E, F, G. tel que l’usage monastique en dictait traditionnellement la pratique. Ce chant se pratiquait sans fréquence ou note de référence. Il n’existait à cette époque aucun diapason fixe. Le diapason en tant qu’objet n’existait pas encore, seuls des tuyaux d’orgues pouvaient servir d’éventuelles  références mais la note variait d’une ville à l’autre, d’un monastère à l’autre, d’un temple à l’autre et il était fréquent que les orgues d’un même temple soient accordées différemment. Et les notes fluctuaient aussi selon l’oscillation des températures saisonnières.

Avant l’invention du diapason au 18e siècle (voir l’article Qu’est-ce qu’un diapason ?), le tuyau d’orgue pouvait servir de note de référence pour le chant. Ces instruments variaient dans leur accord, d’un monastère à l’autre et leurs notes fluctuaient selon les saisons, puisque la température influe sur la hauteur des sons.

La hauteur des sons était déterminée de façon aléatoire et il n’y avait pas de référence fixe. Les tonalités étaient arbitraires et suivaient la vocalité humaine : Grave, Médium, Aigu.

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Le solfège et la manière solfiée d’entonner traditionnellement les chants, a précédé un autre système , introduit au 11e siècle et nommé solmisation. Cette méthode d’apprentissage introduisit la nomination des notes avec la nouvelle terminologie latine inventée par Guy d’Arezzo (992-1033), à savoir : Ut, Ré, Mi, Fa, Sol, La Si (voir l’article l’origine du La, à paraître).
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« C’est au début du XIe siècle, en recherchant à la fois un système de notation (qui est à l’origine de la portée) et un système de codification des intervalles musicaux, que Guy d’Arezzo aurait imaginé ce qu’on désigne aujourd’hui par le mot « gamme ».

(…)

Alors que les notes étaient, jusqu’à Guy d’Arezzo, choisies dans les premières lettres de l’alphabet, c’est à lui qu’on attribue le procédé mnémotechnique par lequel on les nomme maintenant dans les pays latins (et catholiques) à partir des syllabes initiales d’un hymne à saint Jean-Baptiste :


UT
queant laxis
REsonare fibris
MIra gestorum
FAmuli tuorum
SOLve polluti
LAbii reatum
Sancte Ioannes »  
[1]

« Dans les pays anglo-saxons (la plupart du temps Protestants), ayant conservé la notation des notes de la gamme par des lettres, la correspondance, de nos jours, s’établit comme suit :


La  Si  Ut  Ré  Mi  Fa  Sol   

A B C D E F G


Dans les pays de langue allemande, H désigne le Si et B le Si bémol. »  [1]

Ci-dessous, vidéo illustrant le chant Ut Queant Laxis, à l’origine de la dénomination latine des notes de la gamme.
Quelles sont les « fréquences Solfeggio » ?
Fréquences solfeggio est une expression inventée par Leonard Horowitz et Joseph Puleo en 1999. Il s’agit d’une gamme de six notes et plus, composée d’intervalles musicaux inharmoniques (désaccordés et cacophoniques), se référant à une croyance selon laquelle cet ensemble de fréquences seraient issues de la « numérologie biblique » et auraient été utilisés « depuis des siècles » puis « oubliées et perdues », alors qu’elles étaient supposément présentes dans les chants grégoriens et sanskrits. On nage en plein mystère et en pleine confusion. On se demande bien d’ailleurs ce que le sanskrit vient faire là au milieu.

La fréquence de 528 Hz est une sorte de note pivot appelée Mi (!), mais ressemblant plutôt à la note Do, dans le référentiel actuel, autour de laquelle les apôtres susnommés décrivent une ancienne échelle de 6 tons et davantage, dénommée fréquences Solfeggio, qui aurait été utilisée dans la musique sacrée (on ne dit pas laquelle), y compris le chant grégorien. Voyons ce que donne cette échelle de notes totalement désaccordées, avec un exemple à 8 tons. Je ne connais pas de chant grégorien même issu de la paléographie musicale, suivant cette « mélodie » :

Les 8 fréquences présentes dans l’extrait ci-dessus sont les suivantes :

396 Hz – 417 Hz – 528 Hz – 639 Hz – 741 Hz – 852 Hz – 963 Hz – 1073 Hz pour les notes (nommés selon les auteurs de ce concept) : Do – Ré – Mi – Fa – Sol – La – Si – Do

Les affirmations de Leonard Horowitz sont fausses
Contrairement à ce que cet ancien dentiste affirme, aucune note de référence fixe n’était utilisée  pour l’interprétation des chants religieux dans les monastères du Moyen-âge occidental, à part les trois tonalités suivantes dont nous avons déjà parlé, soit : grave, médium, aigu. A fortiori il ne peut être question de « fréquences » dans le récit biblique, écrit il y a plusieurs milliers d’années par des primitifs, ignorants à ces questions de vibrations par seconde… découvertes au 17e s. en Occident. Je rappelle qu’à l’exception de la musique de cour dans la Chine du 1
er millénaire et sauf à une époque très récente, il n’a jamais existé aucun référentiel fixe dans l’attribution des notes musicales. A fortiori cela ne put être occurrent au cours du Moyen-âge ou de l’Antiquité.

Affirmer le contraire est une pure invention et fantaisie, qui ne repose sur aucune donnée historique reconnue et montre la méconnaissance des faits par les auteurs qui soutiennent ces thèses ubuesques. Il s’agit-là d’une mystification. La référence fixe et normative pour l’attribution du La tel que nous le connaissons aujourd’hui, date de 64 ans : 1953 (j’écris en 2017).

Qu’est-ce que le diapason 528 Hz ?
Les créateurs du mythe de la fréquence de 528 Hz, affirment qu’ils ont « découvert » des fréquences « secrètes » qui gravitent autour de cette tonalité qu’il s appellent Mi et qui correspond davantage à un Do dans nos tonalités actuelles. Ils ajoutent que cette note est la « fréquence universelle de l’amour » et qu’elle a la propriété biologique de réparer l’ADN. Ils disent l’avoir découverte dans des extraits bibliques de l’Ancien Testament du Livre des Nombres, voici cette fréquence :

Poursuivant leur cheminement, ils ont découvert dans les versets bibliques une soi-disant reproduction de fréquences pythagoriciennes (sic), à savoir :  174 Hz, 285 Hz, 396 Hz, 417 Hz,  528 Hz, 639 Hz, 741 Hz et 852 Hz. Ils affirment en outre, comme je viens de le préciser que l’application thérapeutique de la fréquence de 528 Hz, qu’ils surnomment « constante universelle de l’amour », « centre de la création divine », « fréquence de l’herbe » (!), (528 THz est une fréquence de couleur « verte » – ), « Magie du nombre 6 », « Prophétie du Mile (5820 pieds) ». Comme si le ridicule n’était pas à son paroxysme, ils ajoutent que la fréquence de 528 Hz  permettrait de réparer l’ADN, rien de moins. Tout ceci sans l’appui de la moindre preuve scientifique, ni étude clinique soumise à des pairs et dûment publiée dans une revue de biologie, dont on attend la référence, permettant d’affirmer de telles prouesses.

Dans la démarche de vouloir chercher la source de ce mythe farfelu, je suis allé chercher dans la Bible le fameux verset du 528 Hz. Je reproduis ci-dessous un extrait de la référence à l’origine de l’affaire. C’est une sorte de liste d’épicerie, formée par une longue énumération de mesures et de nombres (c’est le thème du chapitre biblique, Les Nombres) d’items en vue de sacrifices aux dieux :

Les Nombres, 7, 12-83
La Bible, Ancien testament

La base du mythe Solfeggio


12 Le premier jour, ce fut Nahshone, fils d’Amminadab, de la tribu de Juda, qui apporta son présent.

(…)

83 et, pour le sacrifice de paix, deux bœufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux de l’année. Tel fut le présent d’Ahira, fils d’Einane. [2]

Les Nombres 7, 12-83 : la base du mythe Solfeggio

Ensuite ces mêmes auteurs font tout un plat du fameux hymne à la St-Jean-Baptiste dont j’ai parlé, qu’ils présentent comme un « chant mystérieux et caché », alors que ce chant n’est ni caché, ni mystérieux. Il est au contraire très connu et pas mystérieux du tout. Il suffit d’ouvrir n’importe quelle encyclopédie à l’article Notes musicales, pour s’en convaincre.

Ils affirment ensuite que les fréquences qu’ils donnent sont celles de cet hymne, ce qui est une invraisemblance historique absolue, puisque ces chants n’avaient aucune référence fixe pour leur interprétation et que la cacophonie de leur gamme n’a aucune ressemblance avec l’hymne de la St-Jean Baptiste de Paul Diacre suivant la mélodie de la gamme diatonique de Do majeur ou Ton Dorien (voir l’extrait ci-dessus). 

Ces fréquences ne peuvent pas avoir été perdues, puisqu’elles n’ont jamais existé, à part dans l’imaginaire de ces messieurs Puelo et Horowitz.

Les fréquences dont il s’agit ici ne peuvent non plus se baser sur aucune donnée musicologique.  Comme il a été expliqué précédemment, aucune hauteur spécifique n’était fixée au Moyen-âge. De plus les intervalles donnés dans ce système sont faux et ne suivent pas la logique pythagoricienne auxquels ils osent se référer et n’ont aucune résonance harmonique.

Voici un texte extrait d’un site apologétique au sujet des diapasons et fréquences solfeggio. Il est représentatif du piège dans lequel des personnes ignorantes de la chose musicale tombent par mégarde et méconnaissance, en se laissant hypnotiser par un langage nouvel-âge mystico-numérique, déconnecté de toute réalité scientifique :

« On croyait que les chants et leurs tons spéciaux donnaient des bénédictions spirituelles lorsqu’ils étaient chantés en harmonie. Chaque tonalité de Solfeggio est composée d’une fréquence requise pour équilibrer votre énergie et garder votre corps, votre esprit en parfaite harmonie.

Comment les fréquences ont-elles été découvertes?
Selon la documentation fournie dans « Codes de guérison pour l’apocalypse biologique  », le Dr Joseph Puleo [3] a été introduit à la méthode pythagorique de réduction numérique, par une vision ouverte. À l’aide de cette méthode, il a découvert le schéma de six codes récurrents dans le Livre des Nombres, chapitre 7, versets 12 à 83.

La méthode pythagoricienne est une méthode de réduction simple, utilisée pour transformer les gros nombres en un seul chiffre. Les valeurs de tous les chiffres du nombre sont ajoutées. Lorsqu’après la première addition, le nombre contient encore plus d’un chiffre, le processus est répété. Voici un exemple: 456 peut être réduit à 4 + 5 + 6 = 15, puis réduit à 1 + 5 = 6. Donc, le nombre 456 réduit éventuellement le chiffre unique 6 .

Pythagoras de Samos
Le Dr Joseph Puleo a trouvé des répétitions d’un seul objet ou sujet dans le Livre des Nombres. Dans le chapitre 7, verset 12, il a trouvé une référence au premier jour, le deuxième jour a été mentionné au verset 18, troisième jour au verset 24, et ainsi de suite jusqu’à la référence finale au verset 78 qui parle du douzième jour.

La réduction pythagoricienne de ces nombres de vers est :

Verset 12 = 1 + 2 = 3
Verset 18 = 1 + 8 = 9
Verset 24 = 2 + 4 = 6
Verset 30 = 3 + 0 = 3
Verset 36 = 3 + 6 = 9
Verset 42 = 4 + 2 = 6
… jusqu’au verset 78

Voyez-vous la répétition de 396 ? C’est la première fréquence.

Il a trouvé la prochaine fréquence en regardant le verset 13, qui parle d’une offrande. Six versets plus bas, le verset 19, la même offrande ou l’idée est répétée, six versets plus bas, on trouve le verset 25, avec une autre répétition, etc. Ainsi, en utilisant la méthode de réduction pythagoricienne, il a encore découvert un motif. Ce modèle est 417. C’est la deuxième fréquence. Le reste des fréquences a été trouvé selon la même méthode. » [4]

Si 528 Hz est un Mi, les autres fréquences indiquées ne répondent à aucun ratio pythagoricien ou zarlinien. Si le 528 est du Do (ce qui serait plus logique, vu la hauteur de la note), on obtient alors un La à 440 Hz dans le système zarlinien (ratio 5/3), fréquence que ces fantaisistes auteurs sont censés combattre, car elle désaccorderait selon eux l’esprit et serait le fruit d’une conspiration mondiale, orchestrée par les Illuminati. Leonard Horowitz est à ce titre l’un des principaux promoteurs de la théorie du complot du La 440 Hz [5]. Bien entendu je démystifie ce sujet aussi, dans les articles consacrés au mythe du La 432 Hz, cités en référence dans cet article.

Après quelques calculs voici une comparaison de ces fameuses fréquences solfeggio par rapport à divers systèmes référentiels connus.

  • Le « Do » à 396 Hz correspondrait à un Sol zarlinien dans une gamme en intonation juste avec un La à 440 Hz, où le Do serait à 528 Hz. Cette hauteur serait plus cohérente avec les systèmes référentiels en vigueur depuis plusieurs siècles, établissant un La autour de 400 Hz.
  • Le système Solfeggio propose un La à 330 Hz ce qui est saugrenu. Le La 330 Hz correspond à un Mi actuel du piano tempéré. De cela, on peut bien-sûr discuter indéfiniment. Ce n’est pas le but de mon propos qui est simplement de dénoncer une fraude générée par des imposteurs.
  • Le La à 330 Hz n’est pas documenté concernant les estimations basées sur des expérimentations historiques depuis la Renaissance. Aucune référence n’est néanmoins connue ou documentée avant cette période [6].
  • Avec un Do démarrant à 396 Hz, les autres notes s’établissent selon une gamme fantaisiste qui n’appartient à aucune tradition ou aucun mode musical connu.
  • Le Ré est faux donnerait un Ré ♯ (417 contre 445,5 Zarlin/Pythagore ou 444,49 tempéré).
    Idem pour les notes suivantes.
  • Le Mi devient un Fa dans les 3 autres systèmes. Le Fa est un Sol ♯. Le Sol est un Si. Le La est un Do ♯. Le Si est un Ré ♯ (voir le tableau des équivalences, ci-dessous).

La « Gamme » Solfeggio se répartit donc sur plus d’une octave et donnerait alors les notes suivantes : Do/Ré ♯/Fa/Sol ♯/Si/Do ♯/Ré ♯. Je laisse le soin aux personnes curieuses d’écouter cette suite de notes cacophoniques, comparée à la gamme jouée à partir de la même fréquence de départ (396 Hz), en intonation juste…

Nota : j’ai ajouté la dernière note (fournie par Horowitz) mais non incluse dans les fréquences « Solfeggio » normales, pour davantage de cohérence en comparaison avec d’autres types de gammes
(ici la gamme dite de Zarlin en intonation juste).

La « gamme » Solfeggio démarre sur un Do à 396 Hz qui correspondrait à un Sol actuel à 392 Hz (tempérament égal à 440 Hz) [7].

Les 15 fréquences Solfeggio et l'incohérence de leurs notes

Les fréquences revendiquées par Leonard Horowitz pour construire son soi-disant solfège génère des notes ne répondant à aucune structure harmonique. C’est la cacophonie. On est dans le New-age ubuesque.
Dans un précédent article (voir Le mythe du 432 Hz),  j’ai encore une fois été clair au sujet du La à 440 Hz et j’ai expliqué que cette fréquence était utilisée depuis l’époque baroque en Europe, soit bien avant le 20e siècle où elle est devenue une norme internationale. Ces auteurs affirment enfin frauduleusement que la fréquence de 528 Hz serait bien connue des biologistes et qui plus est, efficace pour réparer l’ADN. Je n’ai vu cela publié nulle part, ni dans aucune revue de biologie. Donc affirmer cela est de la fraude.

Toutes ces théories me semblent donc de pures inventions sans fondement à part celui de la fantaisie et la mystification. L’affaire Solfeggio ressemble donc à une farce et un canular et il me paraissait important de le dénoncer. Et même si en parler c’est amplifier le phénomène, cette citation vous permettra de savoir vous prémunir des mystifications présentes ou futures, grâce à la démarche scientifique que je cherche à développer et qui permet de se libérer des mémoires de mystifications embrumées qui nous engluent dans des concepts dépassés. Nous avons besoin de lumière et l’équipe du centre MedSon espère que ces lignes permettront d’y voir plus clair.

En complément et en conclusion ultime, voici les réflexions d’un acousticien hollandais, vivant en Bulgarie, qui a écrit un long article sur son blog au sujet de la fréquence 528 Hz. Il arrive aux mêmes conclusions que les miennes, que je n’ai connues qu’à l’issue de ma propre écriture. En voici un cours résumé. (Traduction libre)

Roel Hollander
Roel Hollander est un ingénieur du son et saxophoniste de jazz originaire des Pays Bas, blogueur d’un site très complet consacré à l’acoustique et à diverses matières dont les centres d’intérêts rejoignent parfois les nôtre, au sein du centre MedSon. Voici en guise de conclusion quelques lignes extraites de son excellent article consacré au sujet développé plus haut dans ces lignes.

Dans diverses sources en ligne au sujet des « anciennes fréquences Solgeggio », il est souvent mentionné :

« En regardant les six fréquences originales de Solfeggio, nous trouvons que les nombres vibratoires de base ou de racine sont 3, 6 et 9. Nikola Tesla dit et je cite : ‘Si vous saviez seulement la magnificence des nombres 3, 6 et 9, alors vous auriez une clé pour l’univers »
L. Horowitz

Cette source mentionne l’utilisation de la méthode pythagoricienne (je présume la somme des chiffres pour accéder à la « racine numérique » d’un nombre). Lorsque nous le faisions avec la liste des fréquences, nous obtenons les numéros 3, 6 et 9. De nombreux autres nombres pourraient revenir à 3, 6 ou 9… par exemple 111 (= 3) ou 411 (= 6) ou 12321 (= 9), etc. Ce seul fait ne trahit pas que ces nombres sont des fréquences sonores importantes, n’est-ce pas?

Ensuite, à propos de la référence à Nikola Tesla, pour autant que nous le sachions elle est fallacieuse, car Tesla a parlé de rayonnement électromagnétique, pas de sons. Je n’ai pu trouver aucune source indiquant que Nicola Tesla était acousticien ou ingénieur du son.

(…) Le fait que nous utilisions le même mot (Hertz) pour définir le nombre de cycles par seconde d’un phénomène périodique, ne signifie pas que tous les phénomènes mesurés en Hertz ont un rapport de 1/1. Les Hertz sont utilisée pour désigner les fréquence sonores mais aussi la lumière (rayonnement électromagnétique), le rayonnement des fréquences radio et la fréquence de la CPU des ordinateurs.

Roel Hollander remarque en conclusion :

  • Utilisation incorrecte du mot solfège (décalage total entre concept et théorie)
  • Aucune preuve n’est fournie quant à l’utilisation des notes de la gamme d’Horowitz
  • Les fréquences données ne correspondent à aucun tempérament connu. Il n’existait aucun tempérament dans les temps « anciens ». Aucune preuve n’est apportée pour soutenir la thèse des fréquences « perdues »
  • Ces fréquences ne pouvaient être connues de Guy d’Arezzo car les instruments de physique nécessaires pour analyser les fréquences n’existaient pas encore (ils ont commencé à être envisagés 5 siècles plus tard grâce aux découvertes de Galilée, Mersenne, Sauveur, Chladni (Voir l’article Origine du diapason scientifique)
  • Horowitz se contredit à plusieurs reprises par des confusions musicologiques montrant qu’il n’a pas une bonne compréhension de la théorie de la musique
  • Ses plus grandes confusions concernent sa prétention d’utiliser un Do à 528 Hz et d’appeler cette même fréquence un Mi
  • Sur le plan musical, mathématique et historique, le concept des  anciennes fréquences « Solfeggio » n’est rien d’autre qu’un mythe, un produit de l’imagination de Puelo et Horowitz.  [8]
Vous avez la liberté d’utiliser ces fréquences si vous trouvez qu’elles sonnent bien à vos oreilles.

Mais s’il vous plait cessez d’argumenter leur usage sur des concepts fallacieux, des preuves défectueuses, des mensonges et des fraudes pour justifier vos pratiques pour ces fréquences insignifiantes qui n’ont aucune espèce d’influence sur aucun ADN.

En le faisant, vous vous vous trompez vous-mêmes et trompez des personnes privées d’éducation musicale et vous paraîtrez insensés aux yeux des personnes expertes et spécialistes des questions acoustiques. 

Le Diapason 432 Hz, le mythe vérifié – Partie 1

Le Diapason 432 Hz est-il un mythe?

Références

[1] https://www.universalis.fr/encyclopedie/gamme/2-guy-d-arezzo-et-la-gamme/

[2] La Bible, Livre des Nombres, 7, 12-83. https://www.aelf.org/bible/Nb/7

[3] Leonard G. Horowitz, Joseph Puleo, Healing Codes for the Biological Apocalypse Hardcover,1999. Leonard G Horowitz,  The Book of 528: Prosperity Key of Love Hardcover, 2011

[4] attunedvibrations.com/ Traduction libre de l’auteur

[5] skepdic.com/horowitz.html

[6] Bruce Haynes (1942-2011) auteur du livre de référence universitaire « A History of performing Pitch – The Story of A », Éd. Scarecrow Press, 2002 (Historique des fréquences d’accord de la musique – Histoire du La).

[7] web.archive.org/web/20120628101927/http://web.mac.com/len15/MUSICAL_CULT_CONTROL/Leonard_G._Horowitz.html

[8] Un article en anglais dont je n’ai eu connaissance qu’après la rédaction de ce chapitre (traduction libre) :
L’histoire auto-fabriquée des diapasons solfeggio : roelhollander.eu/en/tuning-frequency/Ancient-Solfeggio-Frequencies/

© 2018 Emmanuel Comte MedSon

Emmanuel Comte est créateur du concept
Sonologie – Sonothérapie – Toucher par les Sons©

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