La fréquence du La à 432 Hz (A 432) dont nous allons parler ici, est un sujet qui fait régulièrement le buzz sur Internet. J’ai déjà écrit sur le La 432 Hz.
Voici un complément.
Philosophie devant le Temple :
Le Novice : Le drapeau bouge.
Le Lama : Le vent bouge.
Le Maître : L’Univers bouge.
Depuis deux siècles environ, certains musiciens ont milité, ou militent actuellement, en faveur d’une valeur bien particulière du diapason. Les uns réclament un La de 432 Hz, d’autres un Do de 256 Hz, d’autres un Mi de 528 Hz, etc., chacun estimant qu’il prône la meilleure valeur pour des raisons très éclectiques, parfois étayées, parfois circonstanciées, parfois étranges ou imaginaires.
Alain Boudet [1]
Le Diapason 432 Hz, le mythe vérifié – Partie 1
Par Emmanuel Comte
Emmanuel Comte est l’auteur de
Le Son d’Harmonie, MedSon 2011
Le Son de Vie, Québécor 2013
Le Son des Vibrations, Québec Livres 2015, Dangles 2015.
Note au lecteur : cet article est à lire à la suite de
Le « La 432 Hz » est-il un mythe ?
La fréquence du La à 432 Hz dont nous allons parler ici, est un sujet qui fait régulièrement le buzz sur Internet et l’article que j’ai écrit il y a quelques années [2] a été lu des milliers de fois. Je produis ici une mise à jour en plusieurs volets, au sujet de ce mythe persistant avec quelques développements et explications complémentaires à l’article déjà très complet, précédemment publié. Il s’agit ici d’un ajustement concernant un sujet mal compris et où d’importantes erreurs ou confusions sont communément propagées sur le net et dans diverses revues Nouvel Âge.
Le musicologue Bruce Haynes, spécialiste de la musique baroque, a fait un inventaire remarquable sur plus de 1500 instruments anciens étudiés dans leur état original. Orgues, Flûtes, Cornets, Clarinettes, y compris le Hautbois, dont il était un éminent connaisseur, ainsi que d’autres instruments à vent entre la Renaissance et l’époque romantique.
Aux personnes qui colportent faussement que le La 432 Hz était très utilisé dans le passé, notons d’ores et déjà qu’un seul tuyau d’orgue accordé à 432 Hz a été repéré dans l’inventaire de Bruce Haynes. Il s’agit d’un tuyau d’orgue situé en Italie et datant de l’époque baroque [3], en sachant bien-sûr que l’inventaire édité en 2002 n’est pas exhaustif, qu’il donne une tendance et surtout que la température fait varier la tonalité des instruments en fonction des saisons. Nous y reviendrons. La fréquence du La à 431 ou 433 Hz est plus courante. Mais 405, 415, 440 ou 465 Hz le sont encore davantage. Ces faits sont incontestables : la consultation des moyennes relevées par Bruce Haynes ne laissent aucun doute au chercheur.
Bruce Haynes (1942-2011)
auteur du livre de référence universitaire
« A History of performing Pitch – The Story of A », Éd. Scarecrow Press, 2002
(Historique des fréquences d’accord de la musique – Histoire du La)
Après avoir étudié le hautbois moderne, Bruces Haynes a déménagé aux Pays-Bas où il a étudié la musique ancienne entre 1964 et 1967 avec Frans Brüggen et Gustav Leonhardt au Conservatoire royal de La Haye. En 1995, il a obtenu un doctorat en musicologie de l’université de Montréal pour une étude historique sur les standards de hauteur de diapason pour l’accord de la musique entre l’époque de la Renaissance jusqu’à la période romantique. Le livre cité ici en référence est tiré de l’édition de sa thèse de doctorat. Bibliographie [4]
Ma position initiale quant à la fréquence de 432 Hz
Le diapason du La 432 Hz est bon pour accorder la musique que vous jouez ou que vous écoutez, comme le serait tout autre, si vous le décidez. On est donc dans le domaine subjectif de l’arbitraire. Malheureusement les « apôtres » du 432 Hz veulent convaincre la planète entière que leur diapason est le meilleur et que l’on doit abandonner le La à 440 Hz qui constitue la norme actuelle d’accord des instruments de musique, pour le remplacer par celui, universel selon leur raisonnement, dont la fréquence donne un La à 432 Hz.
432 Hz pour caractériser un La, sixième note de la gamme diatonique Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La…, signifie que cette fréquence est une vibration sonore qui oscille 432 fois par seconde, contre 440 fois pour le La utilisé la plupart du temps en musique.
Le La 440 Hz conditionne en effet la plupart de la musique que l’on peut percevoir de nos jours. C’est en partie vrai seulement car le mouvement favorable au 432 Hz a une certaine ampleur, moindre que celle du mouvement baroque engendré par les recherches en musicologie et en paléographie musicale, qui cherche depuis un demi-siècle à restaurer les diapasons anciens que sont les divers La 392, 404, 408, 415 et autres 460 Hz et davantage, sans parler des époques antérieures qui n’en avaient aucun, à part la tonalité humaine : grave, médium, aigu.
Dans un autre article, nous abordons l’origine du La et nous y décrivons l’inexistence d’une quelconque référence fixe durant les périodes historiques précédant les 18e et 19e siècles européens.
Il y a quelques années, je trouvais intéressant le fait d’utiliser une alternative pour l’accord des instruments et j’étais très favorable à l’emploi du La 432 Hz. « Pourquoi pas », me disais-je ?
C’est seulement après avoir approfondi la question, que j’ai découvert une forfaiture : non pas concernant l’accord à ce diapason-là, qui en soi est très bien mais plutôt en regard du discours que la plupart de leurs protagonistes qui en suggèrent grandement l’emploi, ont. En voulant justifier son usage, ils le discréditent la plupart du temps, par la faiblesse de leur argumentaire ou le tripatouillage des données qu’ils utilisent dans leur apologétique. De là naissent d’épouvantables et regrettables mythes, c’est ce que nous allons étudier plus en détail dans cet exposé.
La religion du 432 Hz
C’est donc de cet argumentaire dont il va être discuté ici, en respectant le fait que quiconque peut bien évidemment accorder sa musique comme il l’entend, que ce soit au 432 ou 440 Hz, 431 ou 399 Hz ou à l’aide de toute autre fréquence qu’il trouve à son goût. Il s’agit donc de discuter d’idées, dans le respect des personnes qui les propagent. Je trouve néanmoins souvent des blogs ou des sites internet ou différents articles vantant l’accord au 432 Hz dont les auteurs enjoignent le lecteur à adhérer à leurs concepts farfelus en invoquant la sacralité tout illusoire de cette fréquence mystico-magique.
Voici les fréquences de Joseph Sauveur :
1-2-3-4-8-16-32-64-128-256 (Académie des Sciences Paris 1713)
Ces fréquences ne sont pas scientifiques mais plutôt philosophiques. Leur choix est le résultat d’un raisonnement arbitraire et amusant : les octaves de 1. Joseph Sauveur avait auparavant opté pour la fréquence de 100 Hz sur laquelle il est revenu par la suite avec les 128 et 256 Hz que l’on connait. Ces fréquences ont été utilisées par les scientifiques pendant plusieurs siècles et le sont encore aujourd’hui par les médecins. Le fait que des scientifiques, des physiciens en occurrence, aient utilisé ces tonalités n’en font pas des fréquences scientifiques.
Donc les fréquences de Joseph Sauveur ne sont pas scientifiques, car toute fréquence quelle qu’elle soit est « scientifique ». Elles ne sont devenues scientifiques car elles ont été utilisées par les physiciens comme normes arbitraires pour réaliser des expériences acoustiques. Toute autre série d’octaves aurait pu être employée. Donc l’argument consistant à affirmer que la fréquence de 432 est scientifique, ne tient pas. Toutes les fréquences quelles qu’elles soient sont scientifiques ou aucune ne l’est [5].
Avec cette histoire de 432 Hz et de ses adeptes, on entre là dans une sorte de nouveau concept religieux qui n’est basé sur rien de solide à part des croyances et un mythe affirmant que les propriétés mathématiques d’un nombre (ici 432) donneraient derechef les mêmes propriétés à de la musique accordée sur ce même nombre retranscrit en Hertz, soit 432 Hz. Il est souvent colporté aussi que ce fameux nombre se retrouve dans d’innombrables manifestations de la Nature, y compris l’art et l’architecture et… l’Univers.
Les personnes adhérentes à ce concept prétextent que le nombre 432 est un nombre « sacré » doté de propriétés psycho-mathématiques. Il s’agirait de définir ce qu’est un nombre sacré, puisqu’une telle expression ne veut rien dire. Il est vrai que l’on trouve des propriétés amusantes ou symboliques avec le chiffre 432 multiple de 9, de 3, de 2 et dans lequel on retrouve aussi le nombre 108. Mais tout cela n’est qu’anecdotique.
Il existe des nombres ayant des propriétés mathématiques ou arithmétiques remarquables. Par exemple : considérons des nombres ayant une relation particulière par exemple au sein d’un carré magique. Mettons-les en musique au moyen d’une retranscription en Hz, le résultat est-il la création d’une musique élevée spirituellement ? Rassurez-vous, il n’en est rien. Même remarque pour l’usage de chiffres extraits de la théorie des nombres. ♦ Lire la suite
Voir l’article La musique des nombres, musique et symbolisme. (Lien ci-dessous)
La musique des nombres
Le diapason 432 Hz Mythe vérifié Partie 2
Références
[1] Alain Boudet, Les notes de musique doivent-elles être normalisées par un diapason ? Les aléas historiques de la fréquence du La. spirit-science.fr/doc_musique/diapason1.html
[2] Emmanuel Comte, Le mythe du La 432 Hz medson.net/432hz-mythe.html
[3] Magnano VC. SS Giovanni Battista e Secundo G. Pruna – 1794 – in Bruce Haynes, A History of performing Pitch, The story of A, Scarecrow Press 2002, p.473.
[4] Livres et articles de références écrits par Bruce Haynes
- Music for Oboe, 1650–1800: a Bibliography (Berkeley, 1985, 2/1992)
- Lully and the Rise of the Oboe as seen in Works of Art, EMc, xvi (1988), 324–38
- Pitch Standards in the Baroque and Classical Periods (diss., U. of Montreal, 1995)
- A History of Performing Pitch: The Story of A (Scarecrow Press, 2002)
- The Eloquent Oboe: A History of the Hautboy from 1640 to 1760 (Oxford University Press, 2001)
- The Oboe (with Geoffrey Burgess), (Yale University Press, 2004)
- The End of Early Music: A Period Performer’s History of Music for the Twenty-First Century (Oxford University Press, 2007)
[5] Voir Emmanuel Comte, De l’origine du diapason scientifique et de la détermination de la hauteur des sons, 3 janvier 2018.
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